
370 000. Ce n’est pas le chiffre d’un loto géant, mais celui des offres d’emploi restées sans preneur dans certains secteurs en 2023, d’après la Dares. Le paradoxe s’installe : alors que le chômage ne bouge presque plus, des métiers voient leurs rangs se clairsemer, année après année.
Les projections pour 2025 ne font pas dans la nuance : des métiers hautement qualifiés jusqu’aux postes dépourvus de spécialisation, la pénurie s’étend. Santé, bâtiment, restauration : les habitués du manque de bras sont rejoints par de nouveaux venus, informatique, logistique, où la demande explose et où les profils compétents se font rares.
Plan de l'article
Pourquoi certains métiers sont-ils en pénurie de main-d’œuvre en 2025 ?
En 2025, les employeurs français considèrent que plus de la moitié de leurs recrutements risquent fort de s’enliser. France Travail met les chiffres sur la table : les raisons s’additionnent et se croisent, révélant un marché du travail tiraillé entre mutations structurelles et urgences conjoncturelles. Transformation numérique, vieillissement accéléré, exigences écologiques nouvelles : chaque évolution creuse l’écart entre les besoins des employeurs et les compétences effectivement disponibles.
Les métiers en tension partagent souvent le même diagnostic : trop peu de candidats, et souvent, des profils qui ne cochent pas toutes les cases. Les études de la Dares et de France Stratégie le rappellent : la formation initiale ne suit plus le rythme, les savoir-faire recherchés évoluent trop vite. Absence de spécialisation, manque de visibilité sur les carrières, déficit technique : autant de freins qui grippent la machine.
Autre réalité : les conditions de travail. Quand horaires décalés riment avec fatigue et salaires jugés décevants, les vocations s’amenuisent. Certains métiers peinent à attirer, même quand l’emploi est quasi-assuré. La démographie, elle aussi, s’en mêle : l’allongement de la vie booste la demande en santé et en services à la personne, tandis que la transition écologique ouvre des chantiers inédits dans la rénovation et la gestion des déchets.
Pour mieux saisir les défis, quelques repères méritent d’être posés :
- En 2025, 50,1 % des projets d’embauche sont jugés difficiles (France Travail).
- Les principaux moteurs de ces tensions : révolution numérique, évolutions démographiques, nouvelles exigences écologiques.
- Le manque de compétences et l’absence de formation adaptée placent certains métiers en première ligne.
Panorama des professions qui peinent à recruter cette année
Le constat s’impose : la liste des métiers en tension s’allonge et se diversifie, toutes branches confondues. La santé concentre les inquiétudes : aides à domicile, auxiliaires de vie, médecins, pharmaciens… Les besoins grossissent à mesure que la population vieillit et que les vocations se raréfient. Un exemple : dans certaines régions rurales, les cabinets médicaux peinent à trouver un remplaçant, malgré des offres attractives.
Le secteur du bâtiment s’enlise : ouvriers qualifiés, soudeurs, spécialistes de l’isolation, techniciens en usinage, tous font défaut. Derrière cette pénurie : la transition énergétique, la pression sur les chantiers de rénovation, et la difficulté à attirer de jeunes profils vers ces métiers techniques.
Côté numérique, la tension monte d’un cran. Les entreprises cherchent désespérément des experts en cybersécurité, des développeurs, des ingénieurs data : la compétition s’intensifie, les salaires grimpent, mais les candidats ne suivent pas. Même constat dans la restauration et l’hôtellerie : serveurs, cuisiniers, réceptionnistes manquent à l’appel, victimes d’horaires difficiles, d’une forte saisonnalité et d’une pression constante.
Enfin, l’agriculture et la logistique n’échappent pas au phénomène. Conducteurs, caristes, agents de collecte : les postes s’accumulent, mais les candidatures n’arrivent pas. Les raisons : conditions de travail physiques, horaires exigeants, éloignement géographique.
Pour y voir plus clair, voici les principaux secteurs et métiers touchés :
- Secteurs les plus en tension : santé, bâtiment, numérique, hôtellerie-restauration, agriculture, logistique.
- Métiers en pénurie : aides à domicile, médecins, ouvriers qualifiés, techniciens de maintenance, experts cybersécurité, serveurs.
D’après les prévisions de la Dares et de France Stratégie, le défi s’annonce durable : la France va devoir étoffer ses effectifs dans ces secteurs et investir massivement dans la montée en compétences, notamment pour les métiers émergents liés à la transition écologique et numérique.
Quels secteurs offrent le plus d’opportunités malgré les tensions ?
Face à ces tensions, certains domaines se distinguent par leur dynamisme et la variété des opportunités proposées. Les métiers dits “en tension” peuvent devenir une rampe d’accès pour de jeunes diplômés, des personnes en reconversion ou des professionnels chevronnés souhaitant se réinventer. Santé, numérique, bâtiment, logistique, agriculture : tous affichent une demande soutenue et des perspectives concrètes.
Le numérique, en particulier, reste l’un des principaux viviers d’emplois : cybersécurité, développement, intelligence artificielle. Les entreprises recherchent des profils techniques, mais aussi des candidats capables de faire preuve d’adaptabilité, de créativité et de résolution de problèmes complexes. Pour ceux qui souhaitent changer de voie, la formation continue, l’alternance et des dispositifs comme le Compte Personnel de Formation (CPF) ou le Plan de Transition Professionnelle (PTP) rendent ces métiers accessibles, même à ceux venus d’autres horizons.
Dans la santé ou le BTP, la stabilité et les possibilités d’évolution attirent. Les métiers d’aide à domicile, de technicien en isolation thermique ou d’ouvrier qualifié proposent des postes à forte utilité sociale ou environnementale, portés par l’allongement de la vie et la rénovation énergétique. Les voies d’accès se multiplient : apprentissage, formations ciblées, accompagnement à la montée en compétences.
Quelques faits marquants permettent de cerner la réalité du terrain :
- En 2025, 50,1 % des recrutements sont jugés difficiles, mais ces secteurs offrent sécurité de l’emploi, rémunérations attractives et progression possible.
- Les “soft skills”, résilience, flexibilité, esprit critique, prennent une place centrale, complétant l’expertise technique.
Enjeux et pistes pour répondre durablement aux difficultés de recrutement
Pour surmonter la pénurie de main-d’œuvre et les obstacles au recrutement, les employeurs explorent toutes les solutions à leur portée. La formation continue s’impose comme une évidence : elle permet à la fois de renforcer les compétences des salariés et de sécuriser les parcours de transition. La reconversion et l’alternance ouvrent des chemins rapides vers les métiers en tension, notamment dans la logistique, l’industrie ou le bâtiment.
L’action ne se limite pas au secteur privé. France Travail, l’État et les branches professionnelles testent de nouveaux dispositifs. Exemple : la Méthode de Recrutement par Simulation (MRS) mise sur l’évaluation des aptitudes, plutôt que sur les diplômes seuls. Les bootcamps, les réseaux professionnels accélèrent l’accès des profils atypiques, tandis que l’immigration professionnelle vient parfois répondre à la demande dans les secteurs les plus exposés, comme la santé ou le BTP.
Reste la question des conditions de travail et de la rémunération, qui pèsent lourd dans la balance. Horaires décalés, charge physique, éloignement : autant de contraintes qui freinent l’attractivité. Les employeurs expérimentent la mobilité interne, réorganisent les temps de travail, proposent un accompagnement sur mesure, en lien avec les partenaires sociaux.
Pour saisir l’ampleur des enjeux, quelques données-clés s’imposent :
- En 2025, 50,1 % des projets d’embauche restent difficiles à concrétiser.
- La mobilisation collective et la souplesse des dispositifs, de la formation à la régularisation de travailleurs, dessinent de nouveaux équilibres sur le marché du travail.
Le défi est ouvert : la France saura-t-elle transformer ces pénuries en moteurs de transformation durable et d’innovation sociale ? Le prochain chapitre s’écrira dans les ateliers, les hôpitaux, les fermes, et bien sûr, dans les bureaux où s’inventent les métiers de demain.

























